Première de Dementia Tremens Novembre 2021
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Dementia Tremens
Le samedi 17 juin 2023

© Michal Batory
Critiques de presse :
Dementia tremens, d’après Le Fou et la Nonne de Stanislas Witkiewicz, adaptation et mise en scène Elizabeth Czerczuk
Le nouveau spectacle-performance immersif de l’artiste totale qu’est Elisabeth Czerczuk approfondit l’exploration théâtrale entamée avec Requiem pour les artistes et Dementia Praecox 2.0, pièce déjà très librement inspirée du Fou et la Nonne de Witkiewicz. Une expérience psychédélique, cathartique, comme, seul le T.E.C peut en donner à vivre.
Comment mettre des mots sur ce à quoi on assiste quand tout est pensé pour qu’en revenant de l’immersion radicale à laquelle nous avons été conviés, nous en restions bouche bée ? Dans une quête de « la forme pure » empruntée au dramaturge Witkiewicz, les créations de la metteure en scène, danseuse et comédienne, chorégraphe et pédagogue, ambitionnent de laisser sans voix et sans parole. Formée dans le sérail polonais de l’une des références mythiques du théâtre contemporain, Tadeusz Kantor, inspirée par le concept de théâtre total défendu par Grotowski et Artaud, avouant une prédilection philosophique pour la phénoménologie de Merleau-Ponty et la psychologie des profondeurs de Carl Gustav Jung, Elisabeth Czerczuk revendique un nouveau langage hybride, vocal, gestuel et dramatique. Abreuvée à ses sources – et d’autres encore, laissées à la liberté du spectateur, destiné, dans ce savant dédale, à perdre plus que son latin – Dementia tremens pousse d’un cran encore la démarche artistique iconoclaste qui est la sienne. La création, pulvérisant le quatrième mur, se fait réellement immersion avec pour ambition de libérer celui que nous abritons tous. En termes jodorowskiens, « cet être essentiel pris dans une cage psychique construite par le regard des autres ».
Une transe esthétique
Dès le seuil franchi, le T.E.C plante un décor surréaliste – osons dadaïste – léché, tenant d’un cabinet de curiosités fantasmatique dont Dementia tremens profite à plein. C’est au bar du théâtre que les dix-sept protagonistes, cohorte trébuchante d’un romantisme échevelé, bande d’aliénés tragiques et grotesques vêtus de costumes d’inspiration gothique signés par Johanna Jasko Sroka, font leur entrée. Fous parmi les fous, les spectateurs pris individuellement par le bras rejoignent le cortège délirant pour se diriger vers le plateau où, installés dans une proximité scénique déroutante, ils sont appelés à être affranchis. Les tableaux absurdes, symboliques, s’enchaînent, scènes de folie comme spontanément surgies des chefs-d’œuvre de la Renaissance flamande, jouées, dansées, chantées, ponctuées par les apparitions hallucinatoires d’Elisabeth Czerczuk elle-même. La bande son d’un éclectisme inédit, qui fait la part belle à la musique en live, sature l’espace, organise la transe esthétique de ce spectacle total, psychédélique, auquel le texte ne sert que de matériau porté, avant tout, par le corps des comédiens eux-mêmes.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens - Journal La Terrasse 22/11/2021
Voyage en catharsis – Attention, ça déménage !
Le théâtre de la metteuse en scène et comédienne Elizabeth Czerczuk est situé dans une petite rue tranquille du 12ème arrondissement, à deux pas de la Nation. C’est un lieu assez mystérieux, agrémenté d’un jardin au calme de cloitre. Des tables surmontées de lanternes y accueillent les spectateurs avant la représentation. Le grotesque d’un savant agencement de caisses pleines de bébés en plastique intrigue. Posant le long des couloirs, des mannequins de sex-shop jalonnent les déambulations de visiteurs décontenancés.
Nous sommes appelés par les premières notes d’accordéon annonçant le début de la représentation. Après avoir laissé, donnant sur le jardin, un bar de discothèque chic où l’on se dit qu’on y passera bien volontiers la fin de soirée, nous descendons un escalier qui nous mène au cœur du théâtre tout peint de noir. Nous sommes guidés par les comédiens afin de trouver le chemin jusqu’à nos places. C’est la nuit.
En un défilé de robots à la démarche saccadée, la quinzaine de comédiens entre sur scène et chacun s’installe dans une salle de classe, s’assied derrière sa table, comme le fait tous les jours le bon élève au visage figé en un sourire dément.
La plupart portent une élégante camisole de force de coton gris, avec de larges œilletons en acier chromé, pour laisser passer les liens. Certains se distinguent par une mise spécifique : telle est une nonne à cagoule de lutteur mexicain ; telle (tel ?) autre, une infirmière portant cornette et porte-jarretelle. Echantillons de garde-robe que n’aurait pas reniée Fellini pour son défilé de mode ecclésiastique dans Roma. Une gracile travailleuse du sexe extraite d’une vitrine d’Amsterdam presse de ses mains des simulacres de seins énormes tout en poussant des cris étonnés. Un homme-chien au collier en forme de cône de plastique jappe de contentement. On s’attend à ce qu’il aille pisser au pied d’un des arbres nus parsemant le décor. Sûr qu’on ne va pas s’ennuyer.
Déboule sur scène une blonde éthérée en habit de bergère échappée d’une partie de campagne aux jardins d’Armide. Dans un bruit de tondeuse à gazon dont même mon voisin n’oserait pas rêver pour égayer nos dimanches matin, elle pousse un landau où l’on devine un poupon ou un petit animal. Prise tendrement dans les bras de la bergère, la peluche vintage s’avèrera avoir des pouvoirs de fascination et de mobilisation sur la petite classe.
Accrochez vos ceintures. Une heure durant, c’est une succession de poses catatoniques et de tremblements de machine à laver sur programme essorage. En une suite de tableaux hypnotiques, le malaise monte dans une mobilisation nerveuse puis s’évanouit régulièrement grâce à l’humour et l’explosion d’énergie libératrice.
Les jouets mécaniques cassés se succèdent à un rythme qui ne faiblit pas tout au long du spectacle. Après la petite classe éructante, on croisera un ballet de poules en folie, une magnifique descente de croix sur la musique métaphysique de Jean-Sébastien Bach. Très gros travail sur la bande son. Sur les airs de Bella Ciao et de I Wanna Be Your Dog, la troupe danse le ballet des Djinns sur le Mont Chauve. Vers la fin, plein à craquer, le dance floor des enfers accueille les succubes en plein délire sur fond de musique techno.
On songe au cinéma halluciné de Shock Corridor. Folies technoïdes en flashs stroboscopiques : on ne peut non plus s’empêcher d’évoquer certaines pages de l’Incal de Jodorowski. Il n’est pas aisé de raconter l’histoire – y en a-t-il seulement une ? Le titre Dementia Tremens est parfaitement honnête. On est chez les fous. On est chez nous.
Les danseurs et danseuses sont luisants d’effort. Les instants de grâce des corps qui se frôlent, se portent, se repoussent et se lient à nouveau fascinent sous les lumières de boîte de nuit. C’est le Tanztheater au Studio 54. Toutefois l’on est bien au théâtre et non pas sur la scène de Wuppertal. L’appel à la danse comme outil d’expression fluide contrebalance la sècheresse voulue de la parole ramenée au cri, réduite la plupart du temps à l’expression de l’effroi ou de l’étonnement. Ca renifle, ça aboie, ça couine, ça caquète. On pense à Cioran, « On ne peut savoir si l’homme se servira longtemps encore de la parole ou s’il recouvrera petit à petit l’usage du hurlement ». Faut-il pour autant se laisser influencer par la noirceur magnifique du tableau de la folie humaine et les ténèbres dans lesquelles estrade et scène sont plongées ?
Catharsis collective, l’œuvre est un poème convulsif. À Éleusis de grands cris marquaient la révélation du mystère. Ne nous arrêtons donc pas au tragique constat que Macbeth nous jette à la figure : « La vie… c’est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien » – car Elizabeth Czerczuk nous aura ce soir secoués et ravis, faisant sienne pour le plus grand bonheur de ses comédiens et des spectateurs la conclusion du Songe d’une nuit d’été : « Les amoureux et les fous ont la cervelle si effervescente, la fantaisie si inventive qu’ils conçoivent beaucoup plus de choses que la froide raison n’en peut comprendre. »
Si vous vous lassez des soirées mousse et souhaitez changer pour une petite secousse, courez voir, écouter, ressentir l’époustouflant Dementia Tremens.
Le spectacle est programmé jusqu’à mi-décembre.
Éric Desordre - Rebelles le Mag 23/10/2021
Nous sommes impatients de vous accueillir à nouveau au T.E.C. Cette année, l’art cathartique sera le thème central qui guidera nos recherches et créations.
Nous plongerons dans cette thématique dès septembre avec une journée de conférence, "Voyage en catharsis", suivie du Festival des Formes Radicales et du retour de Dementia Tremens, enrichi de nouvelles scènes.
À travers notre processus artistique inédit, nous espérons réenchanter le monde et y apporter un nouveau souffle.

Durant toute une journée, des spécialistes de renom (philosophes, psychologues, écrivains...) proposeront d’explorer les principes de l’art cathartique.
Guidés par ces chercheurs et penseurs (Michel Maffesoli, Jean-Louis Bischoff, Amine Benyamina, Frédéric Vincent…), nous approfondirons ensemble l'importance du mental et la capacité de l’art à nous ressourcer, dans cette période déstabilisante.

Le vendredi 1er octobre 2021 de 10 h 30 à 21 h.
Retrouvez l'intégralité du programme ici.
Réservation obligatoire par téléphone au 01 84 83 08 80 ou 06 12 16 48 39 ;
ou par courriel à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Devant l'urgence de l'état du monde actuel, les sujets abordés dans notre dernière création - l'aliénation, la solitude, la folie - acquièrent une nouvelle dimension.
« Le spectacle chorégraphié et musical fait dans le tourbillon mélancolique, hypnotisant, et l'uppercut émotionnel. Une radicalité baroque et tragique qui n'exclut jamais. Bien au contraire. »
L'Officiel des Spectacles, Magali Hamard

Première le samedi 16 octobre à 20 heures, découvrez des extraits du spectacle !
Réservations ici, par téléphone au 01 84 83 08 80 ou 06 12 16 48 39 ;
ou par courriel à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Les classes de maître débutent en septembre. Emmenés par notre metteure en scène Elizabeth Czerczuk, les comédiens explorent leur richesse intérieure et leur sensibilité pour s’émanciper des codes et devenir des acteurs-créateurs.
Tout au long du trimestre, un entraînement physique et vocal sera suivi sur la scène du théâtre afin d’expérimenter l’art total. Ce travail d'acteur se conclura comme toujours par un véritable spectacle ouvert au public.

Plus d'informations ici.
Inscriptions par téléphone au 01 84 83 08 80 ou 06 12 16 48 39 ;
ou par courriel à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
La deuxième édition du Festival des Formes Radicales a suscité l’intérêt d’artistes venus des cinq continents. Sélectionnés à la suite de l’appel à projets, ils présenteront, quatre jours durant, leur art novateur et radical. Différents modes d'expression - expositions, installations, concerts, performances... - feront exploser les murs du théâtre.

Découvrez la présentation du festival ici.
Retrouvez le programme complet dans notre lettre d'information consacrée au festival.
Journée de conférences organisée dans le cadre du Laboratoire de Radicalité Artistique
Le 1er octobre 2021 de 10 h 30 à 21 h
Énoncée par Aristote, puis reprise par la psychanalyse, la catharsis, purification de l’âme par l’art, vient au secours de l’Homme pour l’aider à surmonter ses angoisses.
La catharsis qui nourrit le travail et les recherches d’Elizabeth Czerczuk offre au public un art immersif et total. La metteure en scène considère que le théâtre doit réveiller les émotions et les pensées positives, constituer une expérience permettant de se purger à travers la vision de la beauté. « Pour moi, dit-elle, l’art est lié à la beauté et à la psyché humaines. Je considère qu’aujourd’hui le spectateur a besoin d’un art qui non seulement le touche émotionnellement, mais aussi agit sur tous les sens, réveille le sentiment esthétique et lui apporte un réconfort. »
Ce « voyage » d’une journée au cœur des passions humaines s’érigera contre l’aliénation, la mécanisation et la solitude, omniprésentes dans nos sociétés. Il sera mené par des spécialistes de renom : sociologues, psychologues, dramaturges et psychanalystes, tels que Jean-Louis Bishoff, Frédéric Vincent, Michel Maffesoli ou Amine Benyamina. Une séance d’hypnose « créative », suivie d’extraits inédits du spectacle Dementia Tremens d’Elizabeth Czerczuk, cloront la journée. Un buffet cathartique sera à découvrir à chaque entracte et à la fin de la journée.

10 h 30 : ouverture des portes, et café au bar et dans le jardin du théâtre
11 heures : Jean-Louis Bischoff – Catharsis, sacré et pop culture : enquête à partir des rave party
Docteur en philosophie, diplômé de l’institut de formation pour l’étude et l’enseignement des religions (IFER) Jean-Louis Bischoff a publié une vingtaine d'ouvrages dont une dizaine porte sur le fait religieux ; il enseigne dans différentes écoles d'arts appliqués et dirige l'école doctorale de la fédération européenne des écoles (FEDE).
Pour inaugurer cette journée de conférences, Jean-Louis Bischoff reviendra sur la définition de la catharsis, avant de présenter ses réflexions autour de l’ambivalence et la recomposition du sacré dans nos sociétés contemporaines en s’appuyant sur l’exemple des rave party.
12 heures : Frédéric Vincent – La catharsis dans la psychanalyse
Dramaturge, sociologue et psychanalyste, Frédéric Vincent est le président de l’Association des Psychanalystes Européens. Ses recherches se placent dans la continuité des penseurs du cercle Eranos (Jung, Eliade, Durand) et décrivent la façon dont les productions imaginaires contemporaines réhabilitent le pouvoir du mythe et du sacré, malgré la vision désenchantée et iconoclaste imposée par nos institutions surplombantes. Il présentera l'exploitation scientifique du concept de catharsis par Freud, Jung et Hillman, en nous expliquant les différentes manières d'utiliser la catharsis comme thérapie.
13 heures : pause déjeuner – buffet cathartique accompagné par les chansons cathartiques de Jean-Marc Lhabouz, musicien et psychanalyste
15 heures : Michel Maffesoli – De l’ère des révoltes au ré-enchantement cathartique du monde
Sociologue et théoricien de l’imaginaire, ancien élève de Gilbert Durand et de Julien Freund, Michel Maffesoli est désormais professeur émérite à la Sorbonne et membre de l'Institut universitaire de France. Il présentera son œuvre internationalement reconnue, Soulèvement et Catharsis. Son intervention portera sur le règne de la rationalité, de la technicité et de l'individualité qui étouffent l’humanité, entraînant une ère des révoltes participant néanmoins au ré-enchantement cathartique du monde. Elle sera suivie d’une séance de dédicaces.
16 heures : pause
16 h 30 : Amine Benyamina – La santé publique, enjeu culturel
Psychiatre et professeur des universités à la faculté de médecine de Paris-XI, chef du département de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse, il est spécialiste des addictions, qu’il s’agisse de drogues, d’alcool, de jeux d’argent ou de sexe. Il est également président de la Fédération française d’addictologie. Suivant les évolutions de la société et les nouvelles addictions dans les sociétés occidentales, il viendra questionner et soulever les origines de ces addictions, le rôle de la santé publique face à ces dernières ainsi que la vertu cathartique de l’art.
17 h 30 : Samantha Mergui – Hypnose créative
Psychanalyste et hypnotiseuse, Samantha Mergui proposera un moment de relaxation et d’état de conscience particulier afin de se connecter ensemble à notre inconscient et de plonger dans l’imaginaire. Cet atelier expérimental, mené en collaboration avec la metteure en scène Elizabeth Czerczuk, aura pour objectif de s’élever au-delà du galop de la vie quotidienne et de s’immerger dans l’univers du T.E.C.
19 h 30 : pause
20 heures : Elizabeth Czerczuk – Dementia Tremens
La journée se clora par un temps créatif et imaginaire, avec des extraits du dernier spectacle d’Elizabeth Czerczuk, Dementia Tremens. Un spectacle inédit avec une bande-son originale accompagnée de musiciens sur scène, interprété par une quinzaine de comédiens et danseurs, où s’entrechoquent la folie des autres et la nôtre. Pour ce spectacle immersif, l’espace du T.E.C. se transformera dans sa totalité en hôpital psychiatrique où la nature aura son rôle à jouer. Un moment partagé durant lequel chacun pourra participer à la libération des émotions.
Tarif plein (journée complète conférence + spectacle) : 20 euros
Tarif réduit (étudiant et demandeur d'emploi) : 10 euros
Théâtre Elizabeth Czerczuk
20 rue Marsoulan
75012 Paris
01 84 83 08 80/ 06 12 16 48 39
contact@theatreelizabethczerczuk.fr
