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SAISON 2020-2021

Dementia Tremens

 Dementia Tremens

Le samedi 17 juin 2023

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© Michal Batory

 

Un spectacle inédit avec une bande-son originale accompagnée de musiciens sur scène, interprété par une vingtaine de comédiens et danseurs, où s'entrechoquent la folie des autres et la vôtre.
 
Dementia revient dans une nouvelle forme immersive : le T.E.C. se transforme dans sa totalité en hôpital psychiatrique, et cette fois dans une configuration spatiale où la nature a son rôle à jouer. Cette nouvelle création explore le basculement dans la folie à travers différentes facettes, propres à chacun.
Une déambulation où tout va très vite et tout leur échappe ! 
 
« Une assemblée contrastée et saisissante d’aliénés fantomatiques qui nous convoquent dans l’antre du théâtre pour partager un rêve hallucinatoire, une expérience cathartique qui unit dans un même élan tout ce qui la compose. Singulière, cette expérience l’est assurément. » 

La Terrasse, Agnès Santi

 

De et mise en scène Elizabeth Czerczuk. Avec : Elizabeth Czerczuk, Isabelle David, Tessa Dupré, Aude Engelaere, John Ferreira, Yvan Gradis, Julie Jourdes, Marcel Korenhof, Lubin Leroi-Gourhan, Chantal Pavese, Sarah Pierret, Zbigniew Rola, Crawford Simeon, Elzbieta Swiatkowska. 
 
 
Tarif plein : 35€
Demandeur d'emploi, - de 26 ans et intermittent : 28€
Étudiant et pass culture : 20€
 

Inscription par mail à contact@theatreelizabethczerczuk.fr ou par téléphone au 01 84 83 08 80 ou au 06 12 16 48 39. 

Plus d’informations sur : www.theatreelizabethczerczuk.fr

 

Critiques de presse :

Dementia tremens, d’après Le Fou et la Nonne de Stanislas Witkiewicz, adaptation et mise en scène Elizabeth Czerczuk

Le nouveau spectacle-performance immersif de l’artiste totale qu’est Elisabeth Czerczuk approfondit l’exploration théâtrale entamée avec Requiem pour les artistes et Dementia Praecox 2.0, pièce déjà très librement inspirée du Fou et la Nonne de Witkiewicz. Une expérience psychédélique, cathartique, comme, seul le T.E.C peut en donner à vivre. 

Comment mettre des mots sur ce à quoi on assiste quand tout est pensé pour qu’en revenant de l’immersion radicale à laquelle nous avons été conviés, nous en restions bouche bée ? Dans une quête de « la forme pure » empruntée au dramaturge Witkiewicz, les créations de la metteure en scène, danseuse et comédienne, chorégraphe et pédagogue, ambitionnent de laisser sans voix et sans parole. Formée dans le sérail polonais de l’une des références mythiques du théâtre contemporain, Tadeusz Kantor, inspirée par le concept de théâtre total défendu par Grotowski et Artaud, avouant une prédilection philosophique pour la phénoménologie de Merleau-Ponty et la psychologie des profondeurs de Carl Gustav Jung, Elisabeth Czerczuk revendique un nouveau langage hybride, vocal, gestuel et dramatique. Abreuvée à ses sources – et d’autres encore, laissées à la liberté du spectateur, destiné, dans ce savant dédale, à perdre plus que son latin – Dementia tremens pousse d’un cran encore la démarche artistique iconoclaste qui est la sienne. La création, pulvérisant le quatrième mur, se fait réellement immersion avec pour ambition de libérer celui que nous abritons tous. En termes jodorowskiens, « cet être essentiel pris dans une cage psychique construite par le regard des autres » 

 Une transe esthétique 

Dès le seuil franchi, le T.E.C plante un décor surréaliste – osons dadaïste – léché, tenant d’un cabinet de curiosités fantasmatique dont Dementia tremens profite à plein. C’est au bar du théâtre que les dix-sept protagonistes, cohorte trébuchante d’un romantisme échevelé, bande d’aliénés tragiques et grotesques vêtus de costumes d’inspiration gothique signés par Johanna Jasko Sroka, font leur entrée. Fous parmi les fous, les spectateurs pris individuellement par le bras rejoignent le cortège délirant pour se diriger vers le plateau où, installés dans une proximité scénique déroutante, ils sont appelés à être affranchis. Les tableaux absurdes, symboliques, s’enchaînent, scènes de folie comme spontanément surgies des chefs-d’œuvre de la Renaissance flamande, jouées, dansées, chantées, ponctuées par les apparitions hallucinatoires d’Elisabeth Czerczuk elle-même. La bande son d’un éclectisme inédit, qui fait la part belle à la musique en live, sature l’espace, organise la transe esthétique de ce spectacle total, psychédélique, auquel le texte ne sert que de matériau porté, avant tout, par le corps des comédiens eux-mêmes.

 Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens - Journal La Terrasse   22/11/2021

 

Voyage en catharsis – Attention, ça déménage !

Le théâtre de la metteuse en scène et comédienne Elizabeth Czerczuk est situé dans une petite rue tranquille du 12ème arrondissement, à deux pas de la Nation. C’est un lieu assez mystérieux, agrémenté d’un jardin au calme de cloitre. Des tables surmontées de lanternes y accueillent les spectateurs avant la représentation. Le grotesque d’un savant agencement de caisses pleines de bébés en plastique intrigue. Posant le long des couloirs, des mannequins de sex-shop jalonnent les déambulations de visiteurs décontenancés.

Nous sommes appelés par les premières notes d’accordéon annonçant le début de la représentation. Après avoir laissé, donnant sur le jardin, un bar de discothèque chic où l’on se dit qu’on y passera bien volontiers la fin de soirée, nous descendons un escalier qui nous mène au cœur du théâtre tout peint de noir. Nous sommes guidés par les comédiens afin de trouver le chemin jusqu’à nos places. C’est la nuit.

En un défilé de robots à la démarche saccadée, la quinzaine de comédiens entre sur scène et chacun s’installe dans une salle de classe, s’assied derrière sa table, comme le fait tous les jours le bon élève au visage figé en un sourire dément.

La plupart portent une élégante camisole de force de coton gris, avec de larges œilletons en acier chromé, pour laisser passer les liens. Certains se distinguent par une mise spécifique : telle est une nonne à cagoule de lutteur mexicain ; telle (tel ?) autre, une infirmière portant cornette et porte-jarretelle. Echantillons de garde-robe que n’aurait pas reniée Fellini pour son défilé de mode ecclésiastique dans Roma. Une gracile travailleuse du sexe extraite d’une vitrine d’Amsterdam presse de ses mains des simulacres de seins énormes tout en poussant des cris étonnés. Un homme-chien au collier en forme de cône de plastique jappe de contentement. On s’attend à ce qu’il aille pisser au pied d’un des arbres nus parsemant le décor. Sûr qu’on ne va pas s’ennuyer.

Déboule sur scène une blonde éthérée en habit de bergère échappée d’une partie de campagne aux jardins d’Armide. Dans un bruit de tondeuse à gazon dont même mon voisin n’oserait pas rêver pour égayer nos dimanches matin, elle pousse un landau où l’on devine un poupon ou un petit animal. Prise tendrement dans les bras de la bergère, la peluche vintage s’avèrera avoir des pouvoirs de fascination et de mobilisation sur la petite classe.

Accrochez vos ceintures. Une heure durant, c’est une succession de poses catatoniques et de tremblements de machine à laver sur programme essorage. En une suite de tableaux hypnotiques, le malaise monte dans une mobilisation nerveuse puis s’évanouit régulièrement grâce à l’humour et l’explosion d’énergie libératrice.

Les jouets mécaniques cassés se succèdent à un rythme qui ne faiblit pas tout au long du spectacle. Après la petite classe éructante, on croisera un ballet de poules en folie, une magnifique descente de croix sur la musique métaphysique de Jean-Sébastien Bach. Très gros travail sur la bande son. Sur les airs de Bella Ciao et de I Wanna Be Your Dog, la troupe danse le ballet des Djinns sur le Mont Chauve. Vers la fin, plein à craquer, le dance floor des enfers accueille les succubes en plein délire sur fond de musique techno.

On songe au cinéma halluciné de Shock Corridor. Folies technoïdes en flashs stroboscopiques : on ne peut non plus s’empêcher d’évoquer certaines pages de l’Incal de Jodorowski. Il n’est pas aisé de raconter l’histoire – y en a-t-il seulement une ? Le titre Dementia Tremens est parfaitement honnête. On est chez les fous. On est chez nous.

Les danseurs et danseuses sont luisants d’effort. Les instants de grâce des corps qui se frôlent, se portent, se repoussent et se lient à nouveau fascinent sous les lumières de boîte de nuit. C’est le Tanztheater au Studio 54. Toutefois l’on est bien au théâtre et non pas sur la scène de Wuppertal. L’appel à la danse comme outil d’expression fluide contrebalance la sècheresse voulue de la parole ramenée au cri, réduite la plupart du temps à l’expression de l’effroi ou de l’étonnement. Ca renifle, ça aboie, ça couine, ça caquète. On pense à Cioran, « On ne peut savoir si l’homme se servira longtemps encore de la parole ou s’il recouvrera petit à petit l’usage du hurlement ». Faut-il pour autant se laisser influencer par la noirceur magnifique du tableau de la folie humaine et les ténèbres dans lesquelles estrade et scène sont plongées ?

Catharsis collective, l’œuvre est un poème convulsif. À Éleusis de grands cris marquaient la révélation du mystère. Ne nous arrêtons donc pas au tragique constat que Macbeth nous jette à la figure : « La vie… c’est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien »  – car Elizabeth Czerczuk nous aura ce soir secoués et ravis, faisant sienne pour le plus grand bonheur de ses comédiens et des spectateurs la conclusion du Songe d’une nuit d’été : « Les amoureux et les fous ont la cervelle si effervescente, la fantaisie si inventive qu’ils conçoivent beaucoup plus de choses que la froide raison n’en peut comprendre. »

Si vous vous lassez des soirées mousse et souhaitez changer pour une petite secousse, courez voir, écouter, ressentir l’époustouflant Dementia Tremens.

Le spectacle est programmé jusqu’à mi-décembre.

Éric Desordre - Rebelles le Mag   23/10/2021

 

 
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